Souvenirs de voyage en Chine en 1985

 

Chapitre III
© Thierry Verdan

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Samedi 27 juillet 1985

Xian/ Chongquing / Dazu  ( province du Sichuan)


Avant de nous envoler pour Chongquing, ( 900 km ), on a encore visité le merveilleux site  comprenant  les " guerriers d'argile " de l'armée des Terra-cotte ( terre cuite ).

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Un méchant Empereur, Quin Shihuangdi, voulait que l'on enterre vivants...les huit mille soldats de son armée pour les garder après sa mort.
Notons ici que pour nous occidentaux, la notion de la mort est très différente de  celle des Chinois; en Chine on passe dans une autre vie... Il faut donc faire attention à l'interprétation de ce fait. Comme ce n'était pas sympa  de sa part on l'a convaincu d'enterrer, plutôt des statues d'argile grandeur nature. Ce qui fut fait, non sans grincements pour certains, car les ouvriers ayant participé au projet restèrent, eux, enfermés dans le tombeau ( écrits de Sima Qian ), suite à la fermeture automatique des lourdes portes de pierre..
Ainsi le secret serait bien gardé. Ce fut pour eux une désagréable surprise, car on leur avait caché la vérité, pour ne pas risquer trop d'absences de leur part pour des maladies imaginaires ou de futiles raisons en contradiction avec la grandeur de leur mission confiée par leur Empereur, Quin Shihuangdi, de la dynastie des Qin ( 221-207 BC ).
C'est en 1974 qu'on découvrit cette " 8ème " merveille du monde, après que des paysans eurent cassé plusieurs statues qu'ils avaient prises pour le diable, car elles étaient grandeur nature. Ces statues les avaient effrayés, lorsqu'ils avaient creusé pour trouver de l'eau dans la région.
Mon appréciation * beau, grandiose et impressionnant.

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Après un vol dans un avion militaire qui ressemblait autant à un avion civil  que Dupont et Dupont, on a atterri à Chongquing, un des quatre " fours" de la Chine. Trois heures de car équivalant à neuf heures de tension...
On est arrivé à Dazu dans une maison accolée du nom " d'hôtel ". C'est probablement le pire de Chine., c'est-à-dire du monde.
Après avoir ouvert la porte de la chambre, si on n'est pas projeté en arrière par les odeurs qui se dégagent, on peut, en écartant les détritus, pénétrer dans le royaume des cafards et des araignées. La salle de bain a dû, sous la dynastie des Ming, il y a six cents ans, avoir des catelles blanches. La douche coule... de partout et le liquide qui sort à la consistance de l'eau mais en plus épais et il est d'une couleur indéfinissable encore non classée dans les archives des écoles de peinture. Un humoriste pourrait essayer de tirer la chasse d'eau des toilettes et s'il est vraiment optimiste, espérer qu'il se passe quelque chose. Avec précautions, on pourrait risquer quelques pas en direction des lavabos., en veillant à chaque enjambée à ne pas rester collé aux moisissures du sol. Comme on croit que l'on ne peut pas vivre sans manger à moins d''être un Bouddha, une visite à la salle à manger vaut la peine. En la voyant, on se rend compte qu'on a eu tort...
Sur la table, des couverts dont la couleur n'est même plus douteuse, sur une autre pile d'assiettes et de tasses sales, pour employer un pléonasme. Deux personnes plongent, les assiettes trois dixièmes de seconde dans l'eau les retirent et les... essuient, avec la nappe sur laquelle s'étalent, les restes des vingt repas précédents. Comme il fait très chaud, ils s'épongent le front avec la même nappe ou se mouchent dedans. Ca fait des économies de mouchoirs en  même temps et en nourriture puisque les clients sont un tantinet refroidis.
 De retour à la chambre, on dérange un peu les cafards, on se hisse sur le lit, on presse l'interrupteur de la lampe de chevet et c'est celle de droite qui s'allume" Made in China .".



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Temple du 9ème siècle : il n' y a pas à dire mais la visite en valait le peine....


Lundi 29 juillet 1985

Chongquing

La municipalité de Chongquing compte 13 millions d'habitants, la ville, 4ème de Chine,
6 millions. Les organes de décisions se présentent comme il suivra dès que j'aurai assez de place pour dessiner, l'organigramme, ce qui ne saurait tarder puisque le verso de cette page va incessamment se présenter à moi, aussi vierge qu'une fiancée chinoise se présente à son promis. A propos de mariage, pour enrayer l'augmentation de la population, les Chinoises ont droit à deux jours de congé si elles se marient à 22 ans, une semaine si c'est à 23 ans, deux semaines si c'est à 24 ans, un mois si c'est à 25 ans. Comme à part cela, elles n'ont qu'un jour par semaine plus deux à trois jours en février (fête du printemps) et  la commémoration de la révolution de 1949, cet avantage est appréciable.
Si un couple attend un 2ème enfant, il doit avertir sous peine de perdre les allocations familiales et de devoir prendre un plus petit appartement.
Plus il y a d'enfants dans une famille, moins il y a de place et d'argent, sauf quelques exceptions dans les campagnes auprès des minorités nationales, les Tibétains par exemple.
Les cinq garanties instaurées par Mao peuvent ainsi toujours être en vigueur. Il s'agit de :

1) garantie de manger

2) garantie de s'habiller

3) garantie de se loger

4) garantie d'être soigné

5 ) garantie d'avoir une sépulture

Ceci ne serait probablement pas possible si, la population augmentait trop rapidement.
La population se monte actuellement à un milliard deux cent cinquante millions d'habitants.

Comme j'hésite à commencer l'organigramme sur deux tiers de page, je demande encore une fois votre indulgence et votre patience et je vous promets, cher ami lecteur si précieux que vos yeux découvriront le schéma dès qu'elles( vos mains) auront tourné la page.


                                                   



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Choses promises chose dues. Je n'ai qu'une seule parole et je ne m'autoriserais pas à faillir à mes promesses, aussi voilà enfin l'organigramme attendu, puisque, indépendamment de ma volonté forte pourtant, il n'y a plus assez de place sur cette page qui est, ami lecteur si précieux ,* déjà bien ** remplie.
 Aussi voilà l'organigramme des organes décisionnels chinois.


                                               ETAT

                                           PROVINCE

                 VILLE                                          CAMPAGNE

          arrondissement                                      districts

             9 à Chongquing                          12 pour Chongquing

          comité de quartier                                communes

          ( atelier artisanal )                         ( canaux d'irrigation )

          comité de rue                                      brigades


                                                             ( machines agricoles )

                                                              unités de production



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SHANGHAI

Mardi 30 juillet 1985

Shanghai  ( municipalité )


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C'est grand et...propre ! Un peu moins beau et exotique que le nom pourrait le faire espérer.
Ca fait plaisir de pouvoir s'asseoir à une table sans être dégouté avant de commencer ou d'entrer dans la salle de bain sans devoir se boucher les narines.
Comme prévu, l'arrivée a été marquée par un combat de 15 rounds entre Viviane à ma gauche 35 ans, frisée, s48 kg et notre guide à ma droite, environ 50 ans, signe particulier : accent  arabe lorsqu'il parle français.
Dans le premier round, les deux adversaires s'étudient, Viviane cherche à placer une attaque mais ne trouve pas la faille. Jiang est portant très aimable. Elle se crispe et se fatigue inutilement. Arrivée à l'hôtel, sitôt installés dans la belle salle à manger elle crise : les chambres n'ont pas de salle de bain privées ! Elle se déchaine, elle place un direct droit. Belle esquisse de gauche : il discutera après, il est en train de manger. Aussitôt c'est la fureur chez Viviane qui perd de l'énergie pour rien. Trudy se range à ses côtés, mais l'adversaire s'est dérobé. Elle décide de ne pas manger, lui tourne autour, essaie de revenir à la charge mais... ne trouve que du vide. Après son repas ça repart  : tous les coups sont permis: le souper dans un autre restaurant aura lieu trop loin, bonne riposte de Jiang qui nous a prôné le contraire le soir même. Les chambres sans salle de bain ? La tactique est mauvaise, peu à peu Viviane perd du terrain...
Le coup décisif, le KO ? Oui, il suffit d'aller se rendre compte, les chambres sont propres, spacieuses, avec une grande salle de bain privée. Le combat devrait se terminer, Viviane est au sol... Mais non! A "8" elle se relève, elle n'accepte pas la défaite. Dans le bus, elle se remet en garde, essaie de gagner le public à sa cause: le guide s'est énervé, il ne dit plus rien. Il fait mal son travail. Soudain il se reprend: " Vous êtes une association d'amitié, montrez de l'amitié". Viviane n'encaisse pas le coup, elle en rigole même. Viviane se sent inférieure, elle répond à sa place: elle connait les lieux dignes d'intérêt. Les hôtels, le nombre d'habitants de Shanghai, mais elle perd du terrain, se redresse,  place une escarmouche mais se fait mettre en place par la peine que se donne Jiang pour nous faire plaisir. A la quasi-unanimité, les 10 juges présents lui accordent la victoire aux points .
La visite de Shanghai se déroule agréablement, Jiang était prêt et est toujours prêt à suivre nos désidérata . Contrairement à toute attente, il connait mieux Shanghai que Viviane...


Mercredi 31 juillet 1985

Shanghai

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On craque. Notre trop plein de yuans éclate.
Achats, démence, ruiné.

Jeudi 01 août 1985

Shanghai / Beijing ( Pekin )

Fête nationale suisse. Stop. Typhon sur Shanghai, force 8 dans l'échelle de Richter... selon Viviane ! Stop Décollage retardé. Stop.
A 12h30, on atterrit à Beijing. Chu est notre accompagnatrice, mais c'est elle qui devrait être accompagnée. C'est  une petite bonne femme impolie qui semble issue du croisement d'une lapine avec un rat musqué. Elle ressemble à l'animal qui porte le  nom de sa ville, le pékinois, mais en plus énervant.

Comme souvent chez les guides, elle a des phrases apprises par coeur, du genre : " les maçons chinois plein d'ingéniosité utilisent les pentes escarpées pour l'édification de la Grande Muraille". Les Lagrange sont contents de nous quitter pendant deux jours pour voir leur ami Jing Xue, responsable du centre de recherche nucléaire de Pékin. Viviane, celle qui riait, était sûr que cela ne marcherait pas, que cette rencontre n'aurait pas lieu à cause du bureaucratisme chinois. Elle est vexée et furieuse que ça ait marché... Marius, celui qui mange tout le temps, n'a pas l'air enchanté, s'écarter ainsi du groupe, ça ne se fait pas, même pour rencontrer un ami qu'on a pas revu depuis longtemps. ça le choque, lui qui a l'habitude de suivre les directives et qui a pour code de conduite : prendre les choses comme elles viennent, même si les Chinois nous mènent en bateau. Marius, il est comme un dictionnaire, il connaît des tas de choses mais n'a pas d'opinions ! ( Suzanne dixit ! ).


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De plus en plus, deux clans se sont formés dans le groupe: les individualistes et les collectivistes.. Ceux qui veulent se " battre" contre l'absence d'explications lors des décisions arbitraires des Chinois concernant notre voyage et ceux qui disent : de toute façon c'est impossible, on ne peut pas faire autrement. Sept individus trouble-fête, " étroits d'esprit" comme dit Viviane et quatre "dupes et heureux de l'être "comme je vois les choses.

L'entente n'est plus au beau fixe. Les problèmes de Xian ont levé le lièvre de la discorde. Nous sommes loin de l'état d'éveil du Bouddha, présent dans presque tous les temples chinois: faire le vide par la méditation et ainsi, on ne sera pas déçu. C'est le chemin qu'a parcouru Siddharta, depuis le palais de son père d'où il sortit à l' âge de vingt ans environ. On ne lui avait montré que le beau côté de la vie. En sortant par la porte nord, il vit un malade, par la porte sud, il vit un vieillard, par la porte est, il vit un mort et par la porte ouest, il vit un pauvre. Les expériences de la vie le firent méditer. Il n'appréciait pas la religion indienne qui réduisait les gens en castes. Vers 28 ans, il se fit bouddhiste.
Vers 35 ans, il prêcha . Ses disciples ont noté ses paroles dans les " Soutras" . Les premiers soutras furent apportés en Chine par deux moines portés par un cheval blanc
( d'où le nom du "Temple du Cheval Blanc" à Luoyang ), en l'an 68 après Jésus Christ .
En fin devin, Siddahrta devint un grand Bouddha: Sakyamuni. Le bouddhisme du " petit Véhicule " a pour adepte des gens croyant en Sakyamuni comme unique bouddha, lui qui a renoncé au trône pour devenir bouddha.
Pour le bouddhisme du " grand Véhicule ", chaque chose est considérée comme l'essence bouddhique.
Cette philosophie religieuse coexiste en chaîne  avec le taoisme: il existe une harmonie universelle.. Le monde visible n'est que la partie sensible du monde invisible, symbole dans les sculptures de génies et de démons.
A chaque élément correspond son opposé : le Yin et le Yang, le féminin, le passif, la nuit sont en opposition avec le masculin, l'actif, le jour.
Cette religion est un peu en opposition avec l'héritage du confucianisme : vie studieuse, haut sens moral, charges politiques... ( Confucius : 551 à 479 avant J. C. ).

Tout ceci n'empêche malheureusement pas le groupe d'être dans une phase Yin... Et en plus, il pleut lorsque l'on pénètre dans le palais d'été de Ci-Xi : petite  fontaine qui lui a coûté quelques millions...tant mieux pour les visiteurs actuels.


Vendredi 02 août 1985

PEKIN ( municipalité )

ça grouille de partout, il en sort de tous les recoins, par troupeaux, en grappes ou isolé parfois. ça fourmille, une marée humaine, une inondation. ça crie, ça parle, ça hurle. Elle était peut- être faite pour résister aux Tartares, aux Mandarins et aux Mongoles, mais pas aux touristes, la grande Muraille.
La voie sacrée ressemble à un périphérique de Paris au retour des vacances. Les sculptures d'animaux de part et d'autres paraissent presque incongrues. Elles rendent difficile le parquage des cars ! Pour clore le tout, des Chinois s'amusent à grimper sur les chameaux, les chevaux ou les éléphants pour se faire photographier en faisant des sourires mais qui ressemblent à des grimaces de chimpanzés. Dire que c'est la plus  belle allée du Monde !


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Ce soir, le Pékinois, qui nous sert de guide, nous annonce qu'on ne peut pas rentrer à l'hôtel avant de manger et d'aller au concert : il y avait toute la ville à traverser !
Après le concert, on s'est aperçu que la ville de Beijing, 5 millions d'habitants, 13 avec la banlieue est en fait très petite : un gros hameau: en effet, trois minutes ont suffit pour la traverser.

Samedi 03 août 1985

Pékin ( Beijing )

Le Palais fédéral avec un coin réservé à l'accueil des délégations de travail des fonctionnaires et un autre réservé aux ébats amoureux de nos sept conseillers fédéraux, avec fournitures de filles de joies. De quoi rendre le poste intéressant, c'est ce qu'on a visité ce matin en Chine. Enfin presque. C'est le palais impérial destiné à l'Empereur au temps des Mings, il y a cinq cents ans. Il ne devait pas être pauvre à voir sa modeste demeure de près de cent hectares. L'Empereur  se disait " fils du ciel ". L'après-midi, on a vu le temple de son papa: le temple du Ciel : superbe bleu et grandiose.


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Ensuite quelques achats à Pékin : activité aussi peu intellectuelle qu' être allé voir les pandas le matin.
On arrive à avancer à 1km à l'heure en jouant des coudes.. Quand il n'y a plus de place dans un magasin, il entre encore mille personnes. On se noie dans la foule comme dans la glue. Elle colle partout, s'enroule autour de nous, nous écorche les oreilles et noue l'estomac.
Il y a des peintures de paysages chinois qui coûtent 100 yuans ou 2500 yuans. Difficile de comprendre la raison de ses différences de prix. Peut-être est-ce comparable à l'histoire de cet empereur chinois qui avait commandé une peinture à un artiste. Ce dernier lui a demandé une semaine de délai. Au jour convenu, l'Empereur est venu pour acheter son tableau. L'artiste l'a fait asseoir, lui a servi du thé et pendant qu'il buvait, en quelques traits, il a fait une toile en trois minutes. Témoin de ceci et devant le prix exigé, l'Empereur est devenu fou furieux. L'artiste lui a alors montré toutes les esquisses qu'il avait faites pendant la semaine pour arriver finalement à ce résultat...
Le soir, opéra ( beurk ! ) puis  retour en bus. Les Chinois devraient tenter leur chance pour figurer dans le livre des records...
Quant à l'opéra, ils ont sans doute improvisé une pièce avec costumes et décors en faisant venir un public fictif puisque notre Pékinois nous avait assuré qu'il n'y avait pas de représentation en été.
Grâce à leurs amis chinois, Lucien et Simone ont appris en rencontrant des connaissances qu'il n'y a pas besoin de permis spécial pour aller à la Grande Muraille. Les Chinois en exigeaient un de nous, paraît-il !


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Un de leurs amis chinois gagne un salaire équivalant à deux fois ce qu'on nous  avait annoncé pour le Président de la République ! Il a pour trois personnes, un appartement de quatre pièces, ce qui fait deux à trois fois plus que le minimum toléré !
Un artiste à l'opéra peut gagner jusqu'à 1000 yuans par mois ce qui fait cinq fois le minimum !
Partout on remarque que les salaires doivent être plus élevés que ce que Viviane croit et pourtant elle croit ! Et pourtant elle guide ! et pourtant elle va continuer d'expliquer des choses impossibles alors que le contraire crève les yeux. Et elle va continuer de traiter
 " d'étroits d'esprit " ceux qui voient la réalité telle qu'elle est : tout n'est pas idyllique en Chine d'une part et des différences de classes existent d'autre part.
A sa décharge, elle se donnait de la peine pour maintenir nos programmes...

Un petit résumé des desserts qu'on a eu peut-être intéressant :

Les premiers jours des pastèques. Puis : des pastèques, des pastèques,
des pastèques, des pastèques, des pastèques, des pastèques, des pastèques,
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des pastèques, des pastèques,

Et les derniers jours, des pastèques*.

* Ces lignes sont dédiées, à Lucien qui n'aime pas les pastèques...


Dimanche 04 août 1985

Départ de Beijing pour Genève.

A 4h45 : lever, deux heures seulement plus tôt que d'habitude. A 7h45 départ de l'avion CAAC pour Moscou. Huit heures de trajet, chaque heure de vol correspond à un jour de transsibérien. Deux minutes correspondant à 1 heure ! Que de souvenirs au-dessus de nous.
Tournesol, lui, il a d'autres fantaisies. Il retire précautionneusement les films de son sac, lorsque celui-ci passe aux rayons détecteurs de métal, il les prend à la main, il oublie qu'il tient ses films à la main et il passe à travers le détecteur d'objets métalliques. Et l'on passe aujourd'hui trois aéroports : Beijing-Moscou-Francfort...
Par chance, il fait beau pendant le voyage comme l'a fait remarquer Trudy. Dans l'avion qui vole à 10.000 mètres d' altitude, il est courant qu'on voie le ciel bleu ensoleillé...puisque que les nuages sont en dessous.
Dans l'avion, Tournesol est décontracté mais il a épuisé sa réserve de whisky... aussi demande t-il à l' hôtesse, un verre de sa boisson préférée. "Non, Monsieur, vous voyagez en classe touristes où les boissons alcoolisées ne sont pas permises." "Mille millions de sabord, pas permis, c'était déjà le cas dans le transsibérien, on ne va pas me refaire le coup". Insistance-refus-insistance-refus, jusqu'au moment ou un passager de 1ere classe qui avait entendu la conversation,  lui tape sur l'épaule et l'invite à venir prendre un whisky avec lui en 1ère classe. Finalement, Tournesol a abandonné " Lapin " pour le restant du vol qu'il a passé en compagnie de " Robert Maxwell  " en première classe jusqu'à Moscou...

Enigme : on a retrouvé ce qu'on avait perdu au départ.  Qu'est-ce ?

Réponse à l'énigme :   les 6 heures de décalage...



Moscou 12h30 locale.

attente- transit- attente. magasins- attente  13h15

attente- transit- attente   14h45

attente- transit- attente   16h00

caviar - transit- attente    17h00


On se dépêche comme à Pékin à l'enregistrement, à la douane mais... on passe toujours les derniers. 19h30: départ de Moscou.
L'avion de la Lufthansa est très propre. Ca change du chinois dans lequel des types hirsutes étaient couchés à l'avant, c'étaient des pilotes qui se relayaient !
Au micro le pilote nous annonce : " Mesdames et Messieurs, dans vingt minutes nous arriverons à Francfort " puis il omet de débrancher son micro et il dit au copilote... et après l'atterrissage je vais boire une bonne bière et je me tape l'hôtesse !!! L'hôtesse qui a tout entendu, depuis la cabine des passagers se précipite vers le poste de pilotage mais un homme la retient en lui disant " Pas si vite, Mademoiselle, il a dit après l'atterrissage "...
Dommage que l'histoire ne soit pas vraie...
Voilà, Lucien a quitté le Japonais avec qui il discutait dans l'avion. Il suffit qu'il soit trois dixièmes de seconde avec quelqu'un pour lier connaissance, il a rencontré un ingénieur japonais, deux professeurs chinois, un journaliste anglais, une pin-up suédoise, des chanteurs d'opéra, une touriste française, un physicien et une centaine d'autres personnes. ça lui arrivait d'aller chercher une boisson au bar, de s'asseoir à une autre table pour discuter et ...d'oublier son épouse !

Après cinquante minutes de vol Swissair depuis Francfort, on est arrivé à Genève. Comme des touristes ordinaires, comme si l'on venait simplement d'Europe. Pas de fanfare pour accueillir les onze aventuriers chinois, ceux qui ont traversé la Sibérie, la Mongolie et tant d'embûches !
Avec  sept personnes du groupe, on avait prévu de se rencontrer dans quelques jours.
A Genève, après quatre semaines, 28 jours 40320 minutes de voyage commun, les adieux ont eu lieu de 23h dix à 23h dix et cinq secondes.
Un mois de Chine, trois semaines d'entente, une semaine de discorde. Comme  dirait Mitterrand, bilan globalement positif.
Et en Suisse ? Avant de partir, c'était la campagne devant la maison de Françoise. Ce matin, le 05 août, elle ouvre la fenêtre.
- il fait beau ?
- oui, mais... il y a un immeuble devant ma fenêtre.

24 août 1985

Morges

Réunion des participants à l'hôtel du Mont Blanc. Quatre " dissidents " sont absents, ainsi que Trudy. Est-elle par erreur à l'hôtel du Cheval Blanc situé à 200 mètres ? Tournesol veut partir à sa recherche. On l'en dissuade, un autre pourrait s'y rendre, Non, non ! il insiste, il s'en va, nous pleins d'appréhension, lui sûr de son fait.
Ce n'est qu'une bonne demi-heure plus tard qu'il a réapparu, transpirant, ses quelques cheveux décoiffés.
- c'est quand même loin avec tous ces sens uniques...
- quoi ? tu as pris ta voiture ?
- non j'étais à pied, er...
- mais alors, tu n'avais pas besoin de tenir compte des sens uniques !
- mon dieu, vous avez raison, je n'y avais pas pensé.

Les lieux changent mais les gens restent...



PETIT GLOSSAIRE DES PARTICIPANTS


BORSCH Suzanne et Marius     :   ceux qui mangent tout le temps.

GEDEN Hélène                          :   la doyenne française.

LAGRANGE Simone et Lucien  :   Lapin ( ou Poussin ) et Tournesol.

LURCAT Françoise                    :   de Genève, yeux bleus.

PITTET Corinne et Isabelle       :   L'instit  et l'infirmière de la vallée.

SCHAUB  Viviane                      :   l'accompagnatrice qui rit tout le temps.

WIDMER  Trudy                         :   " chaque chose à son mauvais côté "

VERDAN Thierry                        :   celui qui écrit si bien.


CHINE

Paysages                    
trop sages            
d'un autre âge,               
couverts                      
du vert
des rizières.
         
Chaleur humide            
paysans solides           
derrière leurs rides       
poussière brumeuse      
maisons crasseuses     
venelles heureuses      


Sommets somptueux
fleuves sinueux
aux fonds boueux
falaises à pic
grottes bouddhiques
dragons mythiques.


Temples vénérés
échoppes serrées
odeurs sucrées
parfums subtiles
avenues fébriles
cyclistes habiles.

Encorbellements
fête du printemps
Chine d'antan
rythme millénaire
de la vie d'hier
qui s'accélère.



FORMATION

Exploitation
Traditions
Révolution
Libération
Adaptation
Construction
Satisfaction ?
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