L'Art au service de la liberté
 
 Renée Furrer  peintre et graveur genevois, peint pour Aung San Suu Kyi.

www.reneefurrer.ch
 


Renée Furrer, vous venez de peindre un tableau en hommage à Aung San Suu Kyi; dans celui-ci, le regard est attiré par le portrait de la dissidente birmane qui occupe la place centrale, pouvez-vous expliquer ce qui a conditionné votre œuvre ?  

J’ai dédié mon tableau à Aung San Suu  Kyi, j’ai même écrit au dos de celui-ci: « A toi, si courageuse ! » Je l’ai voulu comme un message d’une femme à une autre femme. Pour moi, c’est une femme qui, pour son idéal, donne tout, et en tant qu’artiste, j’aime cet engagement.  A un moment donné, à un certain âge, un choix primordial dans la vie est à faire, un choix de valeurs, et là, ce sont  les valeurs de non-violence qui s’incarnent en elle. A mes yeux, elle est « le Gandhi » de notre époque, qui sacrifie tout pour son idéal de liberté.

 Vous avez, vous-même, voyagé en Birmanie, vous vous intéressez au bouddhisme, alors comment voyez-vous son engagement  dans une perspective bouddhiste ?   

 On dit que Madame Aung San Suu Kyi, dans sa résidence forcée, passe plusieurs  heures par jour en méditation, aussi  je la vois comme un être, qui s’est engagé à suivre  la voie de la bodhichitta, afin de gagner les plus grandes capacités possibles pour le bien d’autrui, comme un véritable  « bodhisattva »

 Et cela transparaît-il dans votre tableau ?  

Mon travail se présente comme un collage; j’ai  enchâssé  la  photo d’Aung San Suu Kyi   dans une forme, qui est celle d’une goutte et dans la goutte, il y a tout l’océan ; de même,  dans chacun il y a le tout, aussi, dans Aung San Suu Kyi, il y a  tout le  peuple birman. De plus, j’ai voulu  cette goutte  d’une couleur lumineuse; le papier de soie utilisé qui recouvre à peine «  la Dame »,  est comme un voile  qui crée une transparence légère; cette légèreté est synonyme d’espoir, d’ouverture, de liberté. Et puis, dans les différentes parties qui composent le tableau, apparaissent aussi des zones de couleurs plus chaudes avec  le « brun Sienne »  qui  symbolise  la chaleur Terre-Mère, mais également, des zones d’ombre représentées par des couleurs plus sombres; celles-ci  sont là essentiellement pour mettre en valeur les zones de lumière.
Le tableau donc, fonctionne dans la dualité :  dualité entre joie et  tristesse, entre paix et  douleur, entre lumière et ombre. Mais là, où est Aung San Suu Kyi…. la Lumière est !!       

 

Propos recueillis par Danielle Schibler / ASB